Description
Par Ivan Rioufol
Depuis 2002, chaque vendredi, nombreux sont les lecteurs du Figaro qui commencent à lire leur quotidien par l’avant-dernière page. C’est là qu’ils dévorent le « bloc-notes » d’Yvan Rioufol, avec ses analyses à contrecourant, sa liberté d’esprit, son sens de la formule.
Les éditions de Passy ont eu la bonne idée de rassembler les chroniques de l’auteur : on y voit l’unité de pensée d’un homme qui n’aime ni bêler avec les moutons, ni hurler avec les loups. Sur l’affaire Kerviel : « Le libéralisme […] ne se reconnaît pas dans ce monde clos et immature où Mammon et les calculs de probabilité sont devenus des références […]. Ces affaires, qui scandalisent à bon droit l’opinion, dénaturent un système. Elles ne suffisent pas à le désavouer. ».
C’est pour n’avoir pas voulu comprendre les inquiétudes des Français autrement qu’en les réduisant à des questions matérielles et consuméristes que le monde politique s’est révélé, en 2008, dépassé par une vague de fond que personne ne semble avoir vu venir.
Ivan Rioufol scrute à la loupe, analyse au révélateur et commente à vif cette crise existentielle qui mine la société.
A la lecture de ce bloc-notes, la compréhension des mécanismes qui génèrent les crises devient limpide. Avec, en plus, le plaisir littéraire des phrases ciselées de mots justes.
Sur la solidarité : « Repenser l’étendue de la solidarité nationale ?
Cette question interdite devra être posée, tant les prélèvements sociaux ne cessent de tirer le salaire net vers le bas ».
Sur le conservatisme : « Le conserva tisme, fatalité française ?
La question se pose devant la prudence face aux réformes. Quelle politique suit Nicolas Sarkozy quand il charme le Medef par ses discours libéraux, mais assure que l’État ne laissera pas tomber les “métallos” d’Arcelor Mittal ? Où est la rupture quand Éric Woerth, ministre du Budget, explique lundi que les économies sur l’assurance maladie se feront “dans le respect du modèle social français”, ce boulet ? »
Sur ces questions comme sur bien d’autres, les princes qui nous gouvernent, et ceux qui nous (dés)informent, ont été victimes des bulles idéologiques – qui aujourd’hui éclatent au contact des réalités. Raison pour laquelle Ivan Rioufol ne cède pas au pessimisme : la crise, pour grave qu’elle est, est l’occasion de rompre avec nos mauvaises habitudes intellectuelles, médiatiques et politiques, et de repartir sur des bases saines.
« Un monde est à reconstruire, lance l’auteur. Toutes les intelligences sont les bienvenues ». Message reçu.
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